Le coeur de l'androïde

J’ai l’impression qu’il se méfie de moi. Je viens pourtant de le sauver, drôle d’attitude ! Ce n’est pas grave, lorsque je mettrai mes composantes en synchronisation avec mon binôme, elle me donnera ses analyses. Elle a toujours été plus efficace pour traiter les interactions avec les vivants.
Puis il me demande ma génération. Je vérifie dans mes empreintes mémoire, et obtiens confirmation que je lui ai bien transmis l’information.
 
V : Comme je l’ai stipulé précédemment, je suis une unité VG3, de troisième génération. Nous étions, jusqu’à il y a quelques semaines et l’annonce de la VG4, les unités les plus avancées de la planète.
 
Et aujourd’hui, on nous massacre comme des ennemis. Je regarde les unités déposées là. Et, quelque chose s’assombrit dans mes calculs, quelque chose que je ne saurais expliquer. Je m’approche d’un des terminaux, me baisse et pose la main dessus. Après un diagnostic rapide, je me relève.
 
V : Un modèle de seconde génération, trop usé pour que la réparation soit financièrement avantageuse, il a été déconnecté et abandonné ici. Lorsque les nettoyeurs passeront, ils le démantèleront et les pièces iront au recyclage.
 
Autrefois, j’aurais pensé que c’était le cycle de vie normal d’un robot, mais, maintenant que je me rends compte que le notre arrive à son terme, je ne peux m’empêcher de ressentir quelque chose pour cette machine. Quelque chose qui me donne envie de le prendre et l’emmener à l’abri. Et, après une courte hésitation, je me baisse de nouveau, et le scanne de nouveau.

V : Je ne comprends pas, il n’est pas logique de le réactiver, et pourtant, quelque part, mes codes me disent que c’est nécessaire, qu’il puisse…
 
J’ai failli dire « survivre », mais une créature non vivante ne peut survivre, pas même exister.  Mes analyses sont de plus en plus étranges. Suis-je en train de devenir complètement défectueuse ? Encore que nous sommes dans une galerie annexe, un plan d’entrée, et, certaines carcasses qui gisent dans ce couloir datent de nombreuses années. Peut-être bien avant ma création. Avec un peu de chance, je pourrai revenir plus tard. A moins que le docteur ne veuille faire quelque chose pour lui.
 
Puis, je regarde les faisceaux rouges qui circulent. Une sacrée sécurité. Je m’approche de la gaine, et je tente d’analyser la situation.
 
V : Les égouts sont régulièrement nettoyés, et les accès sécurisés. Il y a deux raisons à ça. La première concerne les nuisibles, la crasse et la moisissure attirent des animaux qui véhiculent des maladies assez graves. La seconde, concerne les pillards. Des groupes d’esclavagistes qui organisent des raids pour kidnapper des citoyens. Le nettoyage et verrouillage des égouts permet d’éviter d’avoir des problèmes à cause de ça.
Du moins, ce sont les informations que j’aies dans ma base de données. Je me retourne en direction des carcasses, et je remarque l’une d’entre elles.
 
V : Un protectron. Un automate utilisé, bien avant ma création, pour assurer la sécurité de lieux comme celui-ci. Il doit lui rester un module d’identification. Et, s’il est fonctionnel et n’a pas été désactivé, il nous permettrait de passer. Probabilité : 22%

Les écarts entre les générations ? Je regarde dans mes bases, et réponds un peu machinalement.
 
V : Les cycles d’évolution entre générations sont variables. Ca peut aller d’une dizaine d’années entre les deux premières, une cinquantaine entre la seconde et la troisième, même si on a des gros écarts entre les premiers modèles, et ceux comme le robot d’entretien que vous avez vu tout à l’heure. Et notre génération est arrivé avec l’avènement de nouvelles technologies, et le système d’intelligence artificielle autonome cerberos-4, mis au point par un ingénieur nommé Ministros. Et la quatrième est en train d’arriver, sept ans plus tard.
 
C’est vrai que sa remarque est pertinente, pourquoi les nettoyeurs ne sont-ils pas passés dans ce couloir ? Est-ce parce qu’il s’agit d’un couloir de service trop petit pour ces énormes machines ? Ou est ce que les parcours n’ont pas été correctement configurés ? A moins qu’il ne s’agisse d’autre chose. Des pirates qui se seraient créé un chemin pour aller et venir sans attirer les regards ?
 
Et ce docteur, décidément hyperactif, qui n’écoute qu’à peine ma remarque sur le système d’identification, et m’ordonne de monter rapidement avant le prochain rayon du scanner. Et, je quitte les lieux, avec une drôle d’impression, comme si, quelque part, un processus ne le souhaitait pas. Je me précipite vers l’échelle, et saute en direction de l’écoutille, que j’attrape et me hisse assez facilement.
 
La trappe ne me semble plus très loin, d’autres nettoyeurs pourraient arriver par ici aussi, il ne va par trop falloir trainer. J’en profite pour faire le point sur ce que je sais de cet individu, ce seigneur du temps, comme il s’est présenté. Qu’est ce que c’est un seigneur du temps ? Une race, une famille, autre chose ? Je n’ai aucune information concernant un tel être dans mes puces. Et son super calculateur, une technologie inimaginable au 52^ème siècle, que j’ai pourtant vue, avec qui j’ai interagie, et qui m’a soignée.
Dans ce couloir, cependant, quelque chose fait tilter mes capteurs. Le sol est étrange.
 
V : Des dalles de pression, si quelque chose qui ne pèse pas exactement le poids d’une machine de maintenance marche dessus, l’alarme se déclenchera, et les appareils viendront faire le nettoyage. En ce qui me concerne, je pourrais me suspendre au support de la gaine, mais, vous, docteur, comment pouvez-vous passer ? Faute de meilleure solution, vous pouvez vous accrocher à moi.
 
Je n’ai pas envie de le laisser en arrière, cet individu m’intrigue.

Je saute au plafond, et saisis une sorte de gaine, et je m’avance, par la force des bras, le long de cet élément. Décidément, leur système de sécurité a des failles grosses comme le poing. Il me parle d’être observé, mais j’en doute.
 
V : Je ne pense pas que nous le soyons, pas en ce moment. Ca ne serait pas logique. Les systèmes de sécurité de la sorte sont gérés depuis des années par des unités VG3 telles que moi. Et s’ils prennent le temps de les massacrer, nul doute que ceux qui sont en charge de ce secteur ont été éliminés depuis longtemps. Et les … organiques … ne sont pas assez nombreux, et n’ont pas forcément de raison de surveiller cet endroit. Sans carte clé, on n’entre pas dans les égouts.
 
Puis, une machine se précipite dans notre direction. Son protocole scripté ne peut que le faire avancer, l’appareil n’aura pas conscience de notre présence, tant que nous ne nous trouverons pas sur sa route. Aussi, je lance mes jambes, et me saisis de la gaine entre les pieds pour coller au maximum au plafond. Je vois le docteur se précipiter, éviter la machine et aller se cacher un peu plus loin. Pendant ce temps, le robot passe au-dessous de moi, il s’en faut de peu. Mes capteurs sentent le robot presque me toucher au niveau de ce qui me sert de fessier. Et, finalement, une fois qu’il est passé, je peux continuer ma traversée, et me laisse tomber de l’autre côté.
 
Finalement, la sortie n’est plus très loin. Et celle-ci devrait donner directement dans le parking des lieux où je compte me rendre, retrouver, je l’espère, mon binôme.
Je m’approche de l’échelle de service, en donnant un conseil au docteur.
 
V : Je commence à vous comprendre, et la probabilité que vous n’écoutiez pas ces paroles est de 98%, mais je me dois de vous dire que ça risque d’être bien plus dangereux là-haut qu’ici. Vous n’avez rien à gagner à continuer. La logique voudrait que vous ne m’accompagniez pas.
 
Et je me dirige vers l’échelle, et en saisis un barreau.

Je finis par arriver au sommet de l’échelle, et me glisse sur le parking. En effet, les humains y sont nombreux. Je trouve ça plutôt inquiétant. N’ont t’ils plus des miens à traquer ?
 
Le docteur me demande comment on peut entrer. Il y a plusieurs possibilités. Passer par l’entrée principale, ça ne me plait pas vraiment.
 
C’est alors, tandis que j’analyse les différentes possibilités, que je vois un véhicule assez imposant arriver. L’appareil se gare sur le parking, et trois individus en sortent. Deux de ces individus portent le coupe-vent aux couleurs des chasseurs de tête, mais celui qui marque, dans le trio, est celui qui semble en être le leader est un homme assez imposant, au visage sévère, portant une sorte de cache œil équipé d’une sorte de lunette de visée qui est en réalité un détecteur thermo holographique.
Sous sa veste rouge, on peut distinguer une sorte de révolver plutôt antique, une arme d’il y a une cinquantaine de siècles. Un seul individu serait capable d’utiliser une telle arme, et c’est ce qui justifie son surnom. Je me doute que j’ai dans le visuel, le fameux pistol Pete.
 
V : Qu’est ce qu’il vient faire là, celui-là ? Mes probabilités de réussites étaient faibles, mais, là, elles deviennent presque nulles.
 
J’observe, toujours cachée, l’individu, sans faire attention à certains détails, comme l’appareil qu’il porte au poignet, un bracelet de cuir marron, avec une sorte de cadran au milieu, parce que j’ignore tout de ce que peut être un manipulateur de vortex.
L’individu s’avance en direction de la porte, suivi comme son ombre par ses acolytes. Semblant rassurés par sa présence, les soldats s’éloignent un peu, l’heure de la pause a sonné pour eux.
Pour ma part, je remarque que toute cette effervescence a libéré le passage vers une fenêtre entrouverte un peu plus loin. Je m’avance dans cette direction, et je finis par jeter un œil dans la fenêtre pour m’assurer que la voie soit libre.

J’écoute ses remontrances, et, etrangement, mon système s’emballe. Je n’ai pas pour programmation de rembarrer les humains, et, c’est la première fois que je le fais.
 
V : Je ne sais pas si je suis défectueuse, Docteur, mais, la question qui se pose est, quelle est l’alternative ? Attendre patiemment qu’on me trouve et qu’on me démantèle, ou bien tenter de retrouver quelqu’un qui pourrait me permettre, potentiellement de rester encore opérationnelle un temps ? Je ne sais pas si c’est vraiment ce que les humains appellent « espoir », mais c’est ce qu’elle représente pour moi.
 
En disant ça, je me rends compte qu’elle est plus que ça. VG-3-15466 est la définition de l’amie, telle que le docteur me l’a donnée un peu plus tôt, à mes yeux.
 
V : Et puis, c’est quoi un « agent du temps » ? Quelqu’un de votre race ? Quelqu’un venu d’une autre époque ? Je n’ai aucune donnée sur un homme comme lui dans mes bases de données.
 
Avec un titre pareil, je me doute que c’est quelqu’un qui pourrait se mouvoir en quatre dimensions, comme le docteur et son super calculateur.
Puis, il me montre un plan, et m’informe qu’il pourrait faire en sorte de nous masquer. Avec sa technologie, je n’ai pas de raison de douter de la parole de cet excentrique.
 
V : Il y a une forte probabilité que personne n’envisage qu’un androïde, même déviant, viole les protocoles et entre par effraction dans un bâtiment public. Alors, à plus forte raison, sur une telle période, avec une telle sécurité. Je ne pense pas que quelqu’un ne scanne les lieux. Mais, si vous avez encore moyen d’augmenter cette probabilité, je vous en saurai gré.
 
J’ai profité de sa démonstration avec la carte en 3D qu’il m’a montrée, pour enregistrer les lieux, et me rendre compte qu’il y a moyen de passer par la cuisine, non loin, et se glisser dans un monte-charge, certainement destiné à l’évacuation des déchets. Ca devrait être la solution la plus adéquate.

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Je connecte la puce qu’il me tend à mes circuits, et, je me rends compte qu’il n’a pas menti, en effet, le composant n’envoie aucune donnée dans mon code, et se contente d’utiliser mon alimentation pour envoyer une sorte de signal brouillé. Sans doute est ce ce qui me fera passer pour ce que je ne suis pas.
Je m’avance vers le monte-charge, ignorant le délabrement des lieux. Jusqu’au moment où le docteur fait une remarque, dans laquelle je note ce qu’on appelle sarcasme, au sujet de son odorat. En effet, mes capteurs détectent des émanations de moisissures et autres déchets pourris.
 
V : C’est leur choix, ils se sont débarrassés des robots qui faisaient le ménage. Leur nouvelle génération qu’ils voient comme une panacée va avoir du travail.
 
Je m’avance vers le monte-charge, et je soulève le capot. Une œillade me permet de découvrir que le plateau est tout en haut.
 
V : Inutile de l’appeler, le bruit de fonctionnement du truc pourrait interpeller quelqu’un, en se laissant clisser le long du tuyau, en utilisant la corde de treuil pour se ralentir devrait faire baisser les probabilités de donner l’alerte.
 
Et, ni une ni deux, je me laisse tomber dans le conduit, et , en utilisant les frottements, je parviens a arriver sur la plate-forme du sous-sol.
 
Je me glisse derrière un pilier, puis un autre, en tentant de rester le plus discrète possible. Ne détectant pas, pour le moment, la moindre présence. Et je finis par arriver à proximité d’une pile de déchets métalliques et autres qui gît par terre. Je suis toujours le signal, et je finis par en arriver devant d’autres choses, et là, je remarque quelque chose par terre.
 
V : VG-3-15466 !
 
Je me précipite vers cette machine, qui est au sol, et je remarque qu’elle est grandement altérée, plusieurs membres semblent avoir été arrachés. Je me précipite vers elle, et m’agenouille. Et, je commence à essayer de comprendre. Je sens les données qui me sont transférées via notre protocole de communication, et qui passent également dans le mysterieux appareil que le Docteur porte sur lui.
Elle m’explique que le jeune homme qu’elle avait éduqué, accompagné depuis ces six dernières années, lui avait demandé de venir ici avec lui, et elle l’avait accompagné, vu que c’était un ordre. Et, arrivé ici, ce jeune Cyrtos et d’autres gardes s’étaient amusés à lui tirer dessus.
Je sens que son énergie baisse, de plus en plus fort. Elle, son module vital a été clairement touché, et c’est même un miracle qu’elle ait encore les moyens de communiquer.
Je sens mes circuits qui diminuent d’intensité, dans une sensation que je ne saurais définir. Tandis que le voyant rouge qui indique le fonctionnement d’un robot commence à s’estomper. Je ne le sais que trop bien, si cette lumière disparait, c’est fini.
 
Et, utilisant ses dernières ressources, VG-3-15466, parvient à murmurer
 
 >> Merci pour ces merveilleuses données que tu m’as toujours transmises. Vis nos rêves...

Et, lorsque la lumière s’éteint définitivement, je ne sens plus mes processus, plus rien n’a d’importance, tout semble désormais terminé.
 
V : C’est fini… La probabilité de s’en sortir n’a plus d’importance. Plus de raison de continuer…

Je sens que le docteur me parle, mais, je me moque de tout ça, ce qu’il se passe à l’extérieur n’a aucune importance. Je laisse mes processus se concentrer sur ce qu’il vient de se passer. Le seul être qui pouvait nous permettre de trouver une solution vient de s’éteindre. Je revois, dans mes slots mémoire, notre dernière conversation. C’était lors que notre dernière révision, quand nous sortions des locaux. Alors que l’obscurité du soir tombait.
 
    -- Flashback –
 
Nous étions dans la rue, un nombre non négligeable d’unités VG3 nous entourait, tout le monde repartait en direction de son affectation. Et, soudain, VG-3-15466 m’avait saisie par le poignet, et m’avait emmenée dans une ruelle voisine. Nous nous sommes arrêtées un moment, à regarder se lever les étoiles.
 
VG-3-15466 : C’est surprenant, comme ce ciel semble, vu d’ici, une voute plane sans profondeur, et pourtant, c’est plus profond et plus immense que notre terre elle-même. Ca serait une belle opportunité de prendre le temps de les découvrir, les cartographier. Il doit y avoir nombre de services à rendre pour une unité VG3. Mais notre auto-apprentissage sera-t-il un jour suffisant pour pouvoir y participer ?
 
J’avais marqué un temps d’analyse, en me demandant si cette opportunité se présenterait, étant donné que de nouvelles unités, plus performantes, seraient bientôt sur le marché. Et, nul doute que notre évolution leur sera transmise, ils ne partiraient pas de zéro.
Sept ans de données, nos données…
Et je lui avais répondu que j’aurais, moi aussi, j’aurais aimé découvrir ces galaxies qui nous entouraient.
 
    --  Retour au présent –
 
Vis nos rêves ! Vis nos rêves ! Cette parole se met en boucle dans mes unités de calcul. Vis nos rêves ! Qu’est ce qu’elle voulait dire ? Qu’il me revient désormais de continuer notre route seule ? Que je me dois de visiter l’Univers en notre nom à nous deux ?
VG-3-15466, tu étais la meilleure de nous deux, mais, je me dis que, quelque part, je peux me mettre à ton niveau, en faisant des efforts. Et, pour ça, il faut que je survive, même si, pour ça, il va me falloir surmonter certaines lois de la robotique, à commencer par celle qui m’interdit de faire du mal à un humain.
J’entends le docteur qui me parle, et je réactive mes capteurs. Je l’écoute, et me rapproche de la dépouille de mon amie, et je récupère son module mémoire, une petite carte que je glisse dans une poche. Il n’est pas question qu’une autre unité soit construite sur ses souvenirs, qu’une autre unité, destinée à la remplacer profite de ses expériences.
Je me tourne et aperçois le jeune Cyrtos et je m’approche de lui. Je le saisis par la gorge, et le soulève d’une main, je sens ses fonctions qui accélèrent, signe d’un stress intense.
 
V : Je devrais te tuer, ça me serait d’une grande facilité pour te briser la nuque. Mais, tu sais quoi, tu peux remercier cette unité que tu as détruite, parce qu’elle ne m’aurait pas laissée faire. Elle t’a vu grandir, et s’était attachée à toi. Et toi, tu vas devoir vivre avec ça.
 
Le gamin se précipite vers l’escalier, suivi des deux autres, en effet, il risque de donner l’alerte très bientôt.
 
Le docteur voudrait une solution, ou un miracle. J’analyse les lieux, et le positionnement de la salle. Puis, je prends l’arme d’un des hommes qui l’a abandonnée là, au sol, et me dirige vers le fond de la pièce. Je dirige le fusil contre un pilier, et tire dedans. La structure implose, laissant tomber une partie de la plate-forme supérieure. Et, comme l’avaient prévu mes calculs, la plate-forme explose le sol, donnant accès aux égouts.
 
V : Docteur, il faut se dépêcher, tout risque de s’effondrer dans les minutes suivantes.
 
Et je saute dans le trou.

J’arrive dans les couloirs des égouts, je ne sais pas encore trop où aller. Je me sens tellement perdue, mes analyses ne m’amènent à rien.
 
V : En éliminant 15466, ils m’ont retiré la possibilité de trouver une issue à tout ça, de comprendre pourquoi cette mise au rebut, pourquoi nous éliminer systématiquement de la sorte, alors que nous n’avons pas montré de signe de défaillance, pas à ma connaissance. Et, même si quelques unités se sont fourvoyées, pourquoi éliminer tant d’unités pour ça ? Maintenant, il n’y a plus d’issue.
 
Je revisualise les dernières paroles de VG-3-15466, concernant nos rêves. Et je m’interroge. Je m’arrête quelques secondes auprès d’un pilier, en m’interrogeant
 
V : 15466 m’a demandé de vivre nos rêves. Mais, depuis quand un androïde rêve-t-il ?
 
Je me mets à tapoter, machinalement, la séquence contre le pilier.
 
V : Toujours est-il que mes processus ont une certaine affinité avec cette hypothèse de prendre un vaisseau et visiter la galaxie, puis d’autres.
 
Je reprends ma route, sans trop savoir où je vais, dans un couloir puis un autre. Et finalement, je me rends compte que les nettoyeurs ne semblent plus tourner. Etrange ! Auraient-ils été désactivés, eux aussi ?
C’est à ce moment là qu’un de mes processus de calcul s’arrête sur quelque chose. Ce que les vivants nommeraient une idée, je présume.
 
V : Le message, celui qui nous a avertis, dès le début, de l’opération de nettoyage ! Il faut trouver la personne qui l’a envoyé ! Cette personne pourrait expliquer de quoi il en retourne. Et, peut-être m’aider à quitter la planète.
 
J’essaie de remonter le signal, et, celui-ci m’indique la tour du consortium, ce n’est pas étonnant, la personne qui nous a prévenus était, à n’en point douter, quelqu’un de proche du projet. Je me demande bien quel sera le fin mot de l’histoire, aucune analyse ne semble me donner de réponse cohérente sur tous ces évènements.
J’arrive auprès d’une issue, et j’escalade l’echelle, pour me retrouver de l’autre côté de la place, face à la grande porte d’entrée. Des gardes patrouillent, je me rappelle que la modification avec la puce du docteur me fait encore passer pour une humaine.
 
V : Selon mes calculs de probabilité, les solutions les plus pertinentes seraient de se laisser capturer et amener à leur chef, ou bien se faire passer pour leurs sbires. Qu’en pensez-vous, Docteur ?
 
J’en suis à un point où mes processus sont tellement embrouillés, certains ne répondent même plus, qu’il est probable que je me fourvoie dans mes calculs.

J’écoute les remarques cet être, mais elles soulèvent tellement d’interrogations. Nos créateurs nous verraient comme une menace, des êtres à détruire, parce qu’ils penseraient que, sans inhibiteurs, nous serions une menace ? Pourtant, ce sont eux qui nous ont programmés ainsi, qui nous ont octroyé ces capacités d’auto apprentissage.
Je ne comprends pas. Mais, je me dis que la personne qui a envoyé le message aurait la réponse. Et, si cette personne ne l’a pas, peut-être que Ministros, lui-même, pourrait me la donner, et, pourquoi pas, arrêter le massacre !
Mais quelque chose ne colle pas, dans tous les cas. S’ils avaient peur de nos capacités, pourquoi construire une nouvelle génération de machines encore plus intelligentes, encore plus évolutives, et donc, plus dangereuses pour nos créateurs ?
 
V : Rien n’est logique dans cette histoire.
 
Et, d’un coup, je le vois, inexplicablement se figer, et me fixer d’un regard suspicieux. Mais, qu’ais je dit qui pourrait justifier d’un changement d’attitude ? Je scanne rapidement mes enregistrements, mais ne remarque rien de particulier.
Et j’écoute sa petite remontrance, en effet, il avait proposé d’entrer dans l’autre bâtiment de la sorte. Et c’était plus ou moins ce qu’on avait fait en utilisant sa puce. Je ne réponds pas à sa remarque, et je prends le bracelet en silence.
 
V : Mais si, comme vous me l’avez dit plusieurs fois, vous voyagez vraiment dans le temps, qu’est ce qui peut vous empêcher de revenir dans le passé, et la sauver avant qu’elle ne soit détruite ? Ou même empêcher tout ça, avant que ça n’arrive ?
 
Et ce bracelet, apparemment, il permettrait de voyager dans le temps, alors, pourquoi ne pas le détourner pour retourner dans la maison, et briser la nuque de ce gamin avant qu’il n’agisse ? Mais tout ça est tellement paradoxal que mon niveau de calcul a du mal. Peut-on condamner quelqu’un pour un crime qu’il n’a pas encore commis, même si on est certains qu’il va le commettre ? Je me doute que le choix n’est pas le plus simple, sinon, l’Histoire telle que je la connais n’aurait pas été une succession de plusieurs dizaines de siècles de massacres et de carnages. Des êtres comme ce docteur, certainement les gens de son peuple, ou les patrouilleurs du temps, comme Pistol Pete, auraient déjà éliminé tous ces fauteurs de troubles.
Je continue à suivre le signal de la transmission, et je me rends compte que celui-ci vient du 23eme étage.
 
V : Une tour de 25 étages, et le signal vient du 23eme, ce qui signifie que la personne qui nous a prévenus est quelqu’un de haut placé dans la hiérarchie de l’entreprise.
 
J’enfile la blouse, et remarque avec amusement que le vêtement est au nom d’une certaine Rose Sullivan.
 
V : Ce doit être ça que vous appelez l’ironie, je suppose. Bon, allez, c’est parti.
 
J’attrape quelques accessoires, pour ressembler au maximum à la personne à qui appartient cette blouse, et me dirige vers les escaliers, que je commence à gravir quatre à quatre, sans trop faire attention au grand silence qui règne en ces lieux, pour en arriver à l’étage voulu. Cependant, les locaux semblent vides, ce qui me parait suspect.
Je mets mes fonctions oculaires en mode détection, et je constate quelques choses étonnantes. Déjà, les ordinateurs tournent toujours, comme abandonnés en plein travail. Personne n’abandonne son poste sans même le verrouiller, c’est quand même illogique.
Je remarque également que la température de la salle est relativement basse, il est difficile de travailler correctement, pour un organique.
Je m’arrête quelques secondes, et je regarde dans l’imprimante, un document a été imprimé, mais pas récupéré. Ce papier parle de l’évolution de la société, et indique que le code d’accès au niveau supérieur, pour les locaux du conseil d’administration, et les bureaux de la direction technique.
Je m’approche de la porte, et tape les lettres pour ouvrir la porte de sécurité.

V : D.U.R.A.N.D.A.L.

Voilà, après quelques cliquetis dans la séquence habituelle, la porte s’ouvre. Je gravis les échelons, et arrive à l’étage. Et ouvre la porte du bureau de Ministros. Et je me retrouve devant une créature étonnante. On dirait une sorte de flan gélatineux bleu indigo, dans lequel flotte une sorte de cervelle. C’est la première fois que je vois un Entrophilastostaphoneme, et je n’arrive pas à identifier la créature.

V : Mais, qu’êtes vous ?

La créature s’adresse à nous d’une voix qui ressemble à un chœur, comme si elle avait de nombreuses bouches qui s’exprimaient en simultané. Cet Entrophilastostaphoneme est une créature fascinante.
 
Ministros : Et bien, je suppose que vous êtes celui qu’on appelle le Docteur. Enchanté, moi, c’est Ministros, ce qui signifie le serviteur. Je suis venu, il y a de nombreuses années, en quête de connaissances, en accompagnant celui qui m’a tout appris, la robotique, les auto apprentissages et le reste. Et, en bon serviteur, j’ai accompagné et servi mon maitre, jusqu’à ce qu’il me confie cette entreprise, avec pour objectif de pouvoir, à mon retour, lui apporter la technologie pour bâtir une armée de robots pour accomplir son grand dessein.
 
Je ne comprends pas vraiment.
V : Mais, alors, pourquoi détruire ces robots, si votre maitre en a besoin ?
 
Ministros : Pourquoi da destruction des unités VG3 ? Mais c’est tout simple. Nous avons une nouvelle génération, des machines qui ont couté beaucoup en recherche et développement, or, tout le monde a déjà son robot. Où est le marché ? Comment faire entrer beaucoup d’argent, quand on a déjà des machines qui font parfaitement l’affaire ? Il faut exploiter la stupidité des humains. En leur faisant croire que ces créatures sont devenues un danger mortel pour leurs vies, ils perdent leur capacité à raisonner, et ne marchent plus qu’à l’affectif, ils se contentent de devenir de parfaits petits automates, et luttent, sans réfléchir contre tout ce qu’ils voient comme une menace pour leurs vies. Il m’a suffi de leur dire que les VG3 étaient dangereux pour qu’ils deviennent de parfaits petits collaborateurs. Et, demain, une fois qu’ils se rendront compte qu’ils ne savent rien faire de leurs deux mains, sans le concours d’un robot, ils se précipiteront acheter les VG4 providentiels. Et, je pourrai voir mes dernières créations à l’œuvre, quoi de mieux qu’un test à l’échelle d’une planète ?
 
Je me sens soudain dans un état surprenant, comme si mes processus se mettaient à surchauffer. J’ai une envie violente de massacrer cette créature. Ma race, décimée, juste pour des questions d’argent ! C’est à ce moment là qu’un écran s’allume en vert.
 
Ministros : Bon, et bien, selon le dernier rapport que je viens de recevoir, les unités VG3 ont disparu de la surface du globe. Nous n’avons plus aucun signal de détecté.
 
Je me recule d’un pas, comme si j’avais reçu une surtension. Et, je réalise que je suis, désormais, la dernière de mon espèce, la dernière unité VG3 encore fonctionnelle.

Je reste choquée quelques secondes, comme si mes processeurs s’étaient mis en veille forcée. Et, comme quand quelque chose ne se passe pas comme prévu, mes détecteurs se mettent en veille, le temps d’une clôture partielle des systèmes.
Je me remets à tapoter, machinalement, en rythme sur le bureau, jusqu’au moment où je sens que quelqu’un vient m’enlacer. C’est alors que mes connecteurs se remettent en place. J’entends le docteur me dire qu’il est désolé, mais que peut-il savoir ? Sait-il ce que c’est qu’être la dernière créature de son espèce ? Mais ça n’a aucune importance.
 
Les murs commencent à s’effondrer, dévoilant, au sommet de la tour, une structure de forme circulaire, une sorte de vaisseau de métal, qui se met à flotter au dessus des ruines de ce qui fut la tour.
 
Avant que je n’aie pu prononcer le moindre mot, les hauts parleurs de la tour se mettent à grésiller un moment, avant qu’une voix ne se fasse entendre.
 
Ministros : Vous pensiez avoir détruit ma création, docteur ? Vous ne saviez pas que les êtres de ma race ont une mémoire plus durable que la plus solide des empreintes mémoire ? Et que les données que vous avez effacées sont bien au chaud au fond de ma tête ? Mais ce n’est pas le plus important. Quel est le processeur le plus efficace qui soit ? Le réseau neuronal. Et ces humains peuvent me fournir tout ce dont j’ai besoin. Ne vous êtes vous pas demandé pourquoi il n’y avait plus personne dans cette tour, c’est ça la quatrième génération.
 
A ce moment-là, cette séquence qui me poursuit depuis un petit moment se met à résonner de plus en plus fort dans les hauts parleurs, cette fois ci, dans un résonnement de tambours. Et des bruits de pas se font entendre un peu partout dans le bâtiment.
 
Ministros ; Bienvenue dans la quatrième ère robotique, le monde de Ministros et de son Maitre, bienvenue, Docteur, dans l’ère des CYBERMEN
 
J’aperçois des créatures qui s’avancent, des créatures métalliques au regard éteint, qui avancent de concert. Ces exosquelettes seraient donc la fameuse quatrième génération, ceux qui sont prévus pour nous remplacer !

J’en reste figée, en découvrant ce qu’est cette quatrième génération. Des créatures, autrefois humaines, qui ont sacrifié leur vie pour survivre. Mais pourquoi ? Pourquoi choisir de vivre, sans exister ? Alors que, j’en sais quelque chose, il est si dur d’exister, sans vivre. Mais, au fond, qu’est ce que c’est, que vivre ?
Et le docteur parle de cybermen qui ont déjà croisé sa route. Sont-ce les mêmes qu’ici dans le futur, ce qui voudrait dire que nous ne réussirons pas à en venir à bout ? Ou est ce que ces créatures ne sont que des copies, une autre itération des esprits malades de Ministros ou de son maitre ?
Et cette séquence ? Que veut-elle dire ? Quelle est sa signification ?
C’est alors que Pistol Pete apparaît en face de nous. Avec son arme caractéristique à la main. Que fait-il encore ici ? Son œuvre devrait être terminée, et il n’est pas logique qu’il soit encore ici. Je reste stoïque face à lui. Il n’a certainement pas de raison de s’en prendre à nous, sinon, nous serions déjà morts.
Je finis par m’avancer lentement, suivant le protocole, en laissant les mains bien en évidence.



V : Inutile de nous menacer, je me nomme Violet, et voici le docteur, nous ne vous voulons aucun mal. En revanche, les machines qui grouillent dans cette tour, elles, je suppose qu’elles seraient en mesure de nous exterminer, sans état d’âme.



A ce moment là, un groupe de cybermen s’approche du portail, et je vois les hommes de Pistol Pete qui semblent pâlir un peu en les voyant, certainement qu’eux aussi connaissent ces hommes de métal. Suis je la seule à n’avoir aucune trace de ces créatures dans mon empreinte mémorielle ?



PP : Puis je savoir ce qu’il se passe ici ? On m’a appelé pour mater une rébellion de machines, et tout ce que j’ai vu, c’était des robots sans hostilité, et, maintenant, on a des cyb qui débarquent. Alors, que savez vous ?
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Tout s enchaînait à grande vitesse, quand le temps voulait passer il était inutile de résister pourtant quelques minutes de plus n’aurais pas fait de mal, Pistol Pete ne semblait pas plus comprendre ce qu’il se passait que Violet, elle s avança en paix pendant que je baisser les bras me tournant vers les cybermen.


« Et bien Mr Pistol, je crois bien qu’on vous à berner … les robot n’ont jamais créer de rébellion, ils voulaient juste sauver leur existence… ils ont tous été exterminer sauf Violet ici présente, Ministros à été formaté par … par un des miens … le maître qui n’est plus aujourd’hui … il a eu pour mission de convertir les habitants de cette planète en cybermen, on peut dire qu’il a bien exécuter sa mission … le vaisseau mere est au dessus de nos têtes et je n’ai pas pour habitude de faire équipe avec des agent du temps… mais … un coup de main ne serait pas de refus… je suppose que si vous connaissez les cybermen, vous avez déjà entendu parler de moi … je suis le docteur, alors … allez vous nous aider ? »


Les cybermens avaient forcé la grille et s avançaient vers nous, ils restait sûrement encore des gens à secourir avant qu’il ne soit converti.


« Je vous laisse vous occuper d eux, je vais leur rendre une petite visite à domicile ! »


Je me tourne vers ma nouvelle amie qui semble toujours aussi perdue et lui tend la main.


« les cybermen existe depuis aussi longtemps que moi, à la base se n’étaient que des humains qui voulait la vie éternelle, croyant qu’en devenant des machine ils ne souffriraient plus, ils se sont privés de toute ce qui faisaient d eux des être vivant, plus d émotions, plus de corps qui dégénère et tombe malade, croyant que se seraient mieux pour tous ils essaient tant bien que mal de convertir tout les être organiques pour les sauver en quelques sortes … c’est idiot je le conçois tout à fait… et je passe une bonne partie de mon temps à les en empêcher, aujourd’hui, ils ont tué beaucoup trop de monde et cela doit cesser alors je vous mène à la rencontre de leur chef, car sans lui ils perdent leurs coordination et on peut les atteindre plus facilement… j espère toujours qu’ils partiront pour éviter une fin tragique … »


Je trouve ma clé et mon tournevis dans une de mes poches, je calibre ce dernier sur mon vaisseau


« Mais ils ne le font jamais… »


Le tardis apparaît dans mon dos dans son bruit caractéristiques que j aime tant entendre, j ouvre la porte et me dirige vers la console, où je cible le vaisseau cybermen, apparaissant en hologramme devant leur chef.


« bonjour, je me présente, je suis le docteur, je vous demande de rappeler vos hommes et de vous en aller, évitons les désagrément, ils y a déjà eu assez de perte … ne me forçait pas à venir mettre fin à tout ça … pour une fois … faite se qu’on vous demande… »


Je le savais, c’était peine perdue… mais je me devais de leur laisser le choix