La clé de la vérité

La température avait chuté d’un seul coup, de manière assez violente, et mon docteur me posa sa veste sur les épaules, geste qui me toucha. Habituellement, il faisait moins attention à ce genre de détails, lui qui était quasiment inaffecté par les changements climatiques.

R : J’espère juste qu’il n’était pas sur l’astéroïde quand celui-ci a été pulvérisé alors. Ca a causé des pertes d’êtres vivants, cet acte inadmissible ?

Vraiment dommage que les choses en soient arrivées là, j’étais persuadée qu’on aurait pu faire les choses mieux, et éviter ces dégâts inutiles. Soudain, je me sentis mal, d’un coup, une température en dessous des -30 aussi subite m’avait provoqué un méchant choc thermique, et le docteur m’attrapa et m’emmena dans un endroit plus chaud. Et, une fois à l’abri, Jenny partit à la recherche de Serenity, nous laissant tous les deux, je n’étais pas en mesure de trop réaliser ce qu’il se passait autour, bloquée en état d’hypothermie avancée.

J : Je pars chercher Serenity, on se retrouve tous au Tardis. Prends bien soin d’elle, papa.

Je me retrouvai face à un feu, et je tendis mes mains, qui étaient devenues toutes bleues, et, après quelques minutes, les tremblements cessèrent. Je regardai autour de moi, mais ma vision était floue, brouillée, j’allais avoir besoin de temps pour me remettre.
Et mes pensées qui revenaient, dans un funeste tourbillon. Mais qu’es tu, Rose ? Et mes pensées se tournèrent vers Kidan, au fond de moi, je ne m’étais jamais pardonné sa mort, si je n’avais pas eu cette réaction égoïste, puérile aussi, de le laisser en arrière pour profiter d’un moment avec le docteur, nous aurions peut-être pu changer son destin, quoi qu’en dise le voyageur, ou le Tardis. Un destin peut être influencé, j’en étais certaine. Pour moi, c’était quelques minutes de bonheur, pour lui, c’était sa vie, la balance était loin d’être équilibrée. Et mon attitude vis-à-vis de Dana n’avait pas été sympa non plus, au fond, j’avais dû récupérer des traits de caractère de mon grand père biologique.

Je tremblais de nouveau, sans trop savoir pourquoi. Et je me mis à murmurer

R : Suis-je quelqu’un de bien ?

Je bus une gorgée de la potion, et me sentis rapidement mieux, aussi, je continuai à la siroter promptement, et je laissai mon énergie temporelle faire le reste. Après quelques minutes, mes mains avaient retrouvé leur couleur naturelle, et, je sentais la chaleur revenir dans mon visage.

Je récupérai rapidement, mais les pensées qui me frappaient, qui tournaient dans ma tête ne me lâchaient pas. J’avais peur, une crainte irrationnelle, encore de sa réaction, maintenant qu’il avait perdu ses souvenirs, qu’il avait oublié tout ce qu’on avait vécu ensemble, depuis ma réapparition, mais pas les crimes, et les exactions de ma famille.

Je voyais mon docteur qui me fixait avec insistance et curiosité, il devait vraiment se demander ce qui me turlupinait ainsi, tout en cherchant à me rassurer. Je savais qu’il devait savoir, après tout, il était entré dans ma famille, avec les conséquences que ça devait avoir.
Je le regardai tristement, et je pris sur moi. Il me fallut beaucoup de volonté pour arriver à prononcer une légère explication.

R : J’ai appris que je descendais d’une lignée de véritables monstres, d’un être qui ferait passer les Daleks pour des enfants de chœur, et j’ai peur de devenir comme lui. Peur que l’on me regarde différemment, que tu te mettes à me regarder autrement. Je crains tellement de devenir une destructrice, de ne pas être quelqu’un de bien, surtout depuis que j’ai été tellement égoïste qu’un ami en est mort. J’ai été désagréable envers tes amies aussi. Je ne pense pas être quelqu’un de bien, j’ai peur d’être un peu à son image.

Je descendis une dernière gorgée de ma tasse, j’allais tellement mieux. J’avais réussi à un parler un peu, et je me sentais libérée. J’espérais juste qu’il ne mette pas les pieds dans le plat et me demande qui était ce monstre, parce que je n’aurais pas la force de le dire.

J’écoutais parler cette dame dont j’ignorais tout, et ses mots me soulageaient quelque peu, mais j’avais quand même du mal à assimiler la chose, mon cerveau me répétait qui j’étais, et ce que qu’avait fait mon aïeul

R : Je me sens mal, je voudrais juste être l’épouse du docteur, la fille de Pete et Jackie, qui fait le bien autour d’elle, et, je me rends compte qu’en réalité, mon père n’était pas ce qu’il croyait être, en plus de devoir porter le fardeau de la guerre qu’Epsilon a déclarée à l’univers pour m’avoir, et, maintenant, me rendre compte que, dans mes veines, coule le sang de celui qui a fait saigner l’univers lui-même.

Je regardai la dame, avec respect et déférence.

R : Merci, madame, vos paroles me touchent beaucoup. C’est difficile, quand on découvre qu’on est quelqu’un de différent de ce qu’on croyait, lorsqu’on perd ses certitudes. Et j’ai l’impression d’avoir l’esprit qui tourne en boucle là-dessus, je trouve une réponse à mes questionnements qui me convient, et les doutes me reviennent, en boucle. Découvrir que mon humanité n’est qu’à peine une petite fraction de ce que je suis vraiment, ce n’est pas facile, quand j’ai toujours été persuadée de l’être à cent pour cent. Et j’ai tellement peur de comment les choses pourraient être accueillies par ceux que j’aime.

D’autres craintes me hantaient, comment Jenny prendrait la chose ? Continuerait-elle à souhaiter être l’amie de la petite fille de ce monstre, celui à cause de qui sa jeunesse a été brisée ?

Puis, la porte s’ouvrit, alors que je pensais à elle, la petite blonde apparut, couverte de neige, et le nez rouge.

J : Voilà, j’ai récupéré Serenity, et garé le Tardis dans la cour, ca sera plus simple pour vous pour la rejoindre. Surtout dans l’état où est Rose, la pauvre m’a l’air encore toute choquée et frigorifiée. C’est vrai que les températures ont bien baissé. Alors, j’ai pensé aussi à amener une couverture à ma petite humaine préférée, qu’elle se réchauffe.

Elle me tendit un plaid bien chaud, que j'enroulai par dessus celui de la vieille dame, ce qui me fit cesser un peu plus les tremblements. Et je lui souris timidement.

Je restai stupéfaite, je n’avais jamais dit qu’il s’agissait de mon grand-père, il savait donc ? Son amnésie était-elle un mensonge, une fausse piste destinée à faire sortir celui qui l’avait empoisonné du bois, le forcer à se découvrir ? Et il valait mieux, dans ce cas, que je lui fasse confiance, et que je continue à me comporter comme s’il n’avait pas recouvré la mémoire.
Et, je me faisais peut-être des idées aussi.

Je me remis à jouer nerveusement avec la montre, en regardant les flammes danser, et, le docteur quitta la maison, accompagné de Jenny. Je pris le temps de rendre la couverture de la dame, après l’avoir pliée, et de ranger la tasse. Puis je la remerciai chaleureusement, avant de traverser en courant vers le Tardis, et je descendis rapidement vers la douche, l’eau bouillante allait vite me réchauffer.

Pendant ce temps, Jenny se retrouva seule avec son père.

J : Papa, j’ai la sensation de t’avoir agacé, si tu as oublié certaines choses et que tu ne veux plus que je les fasse, n’hésite pas à me le dire, je préfère qu’on s’explique les choses, plutôt qu’on se clashe comme ça a été le cas régulièrement ces derniers temps. On n’est pas des modèles de diplomatie, l’un envers l’autre, et je veux bien faire des efforts. En tout cas, tant que tu n’as pas retrouvé ta mémoire.

Et elle éclata d’un rire enfantin, comme la jeune fille qu’elle était. Puis, elle reprit son souffle, et reprit un air sérieux.

J : Tu crois qu’on peut faire quelque chose pour Rose ? Je la sens tellement mal, depuis qu’elle est ressorti de l’espace interdit du Tardis, tellement changée. Et je m’inquiète pour elle, même si je sais que tu seras toujours présent pour la soutenir. Quand on s’est fait passer pour des agents de la confrérie, elle s’est présentée comme une certaine lady Larn, et ce nom m’a évoqué quelque chose, comme si ce nom était gravé en moi, quelque part d’inaccessible. Un souvenir que tu m’aurais légué dans le clonage peut-être ? Mais ça voudrait dire quoi, selon toi ?

Moi, pendant ce temps, je laissait l’eau chaude couler sur la peau, ce qui m’évitait de trop penser.

Jenny se trouvait toute penaude

J : Mais, papa, je ne voulais pas t’embêter, Rose est ma seule vraie amie, et j’ai aussi envie d’être là pour elle. Je ferai attention alors.

Pendant ce temps, je sortis de la douche, toute revigorée, et me rhabillai. Mon petit loup avait même eu la gentillesse de me trouver un nouveau chapeau, encore plus beau que celui que j’avais perdu dans les limbes.

Et, pendant que je me vêtissais, Jenny tombait des nues.

J : Ca veut dire qu’elle fait partie de notre peuple, et elle l’ignorait ? Mais alors, elle n’est donc pas humaine ? Et comment se fait t’il, si elle est des seigneurs du temps qu’elle n’ait qu’un cœur ? Je ne comprends rien ?

Elle se mettait à bombarder Serenity de questions, à la manière de son père, en utilisant les mêmes gestuelles, et mimiques.

J : Mais, dans ce cas, son grand père est aussi un seigneur du temps ? Et tu voulais dire quoi par l’aigle et le loup ?

Pendant ce temps, j’avais fini de m’habiller, et je ressortis de ma chambre, avec les idées un peu plus claires. Et, au détour d’un couloir, j’entendis un grand bruit. Je m’avançai vers la source de ce que j’avais entendu, et je me retrouvai face à une porte fermée, à laquelle je toquai

R : Tout va bien ? Je peux servir à quelque chose ?

A ce moment là, toutes les alarmes du Tardis se mirent en route, l’attaque des rexuliens avait été déclenchée, et la planète était en difficultés. Ils osaient, malgré les menaces, s’en prendre à cette planète. Je me demandais pourquoi, est-ce qu’ils ne craignaient pas la proclamation, ou avaient un accord avec, ou agissaient t’ils sous la menace, à l’instar des sontariens et géants qui avaient tenté de s’en prendre à Wrex et sa planète ?

Je me précipitai vers la salle de contrôle, sans savoir ce qu’il s’était passé dans cette pièce, et ce qui avait déclenché la déflagration. Et, finalement, j’arrivai dans la salle, où Jenny, suite à sa discussion avec son père, hésitait à prendre une décision pour ne pas le blesser, qu’il ne croie pas qu’elle veille prendre sa place.

Finalement, elle décida de ne rien décider, et de faire une grosse analyse des forces en présence, et préparer diverses stratégies, qu’elle pourrait lui proposer, ainsi, elle lui faisait gagner du temps, sans risquer de blesser sa susceptibilité, en lui laissant le fin mot

Jenny était stupéfaite en entendant les paroles de Sérénity.

J : Alors, elle descendrait de … Rassilon … Je comprends qu’elle soit choquée, compte tenu de la haine qu’elle a pour cette crevure ! Comme quoi, on peut être complètement opposé à celui qui nous a engendrés.

Lorsque je sortis du Tardis, je fus, une fois de plus, saisie par le froid, mais, cette fois ci, en raison des incendies autour, celui-ci me paraissait moins violent, moins mordant. J’aperçus des cadavres au sol, dont celui de cette dame, qui m’avait soutenue et remonté le moral. Je me sentis dans le même état d’esprit que lors de la scène du météore, j’avais envie de me mettre en colère, de massacrer tous les rexuliens jusqu’au dernier, puis de brûler leur planète.

Je me contins, en pensant que c’était la réaction qu’aurait eue Rassilon, et qu’il serait hors de question que j’agisse comme il l’aurait fait ! Puis, je remarquai une silhouette un peu plus loin, habillée différemment des autres, et je m’avançai vers elle. Pendant ce temps, Jenny était repassée en mode soldat, et se dirigea vers un groupe de rexuliens.
Ceux-ci se dirigèrent vers elle, mais leurs tirs ne semblaient pas l’atteindre, encore un de ses filtres à perception. Puis, elle lança un objet dans leur direction, et soudain, les soldats se figèrent, totalement immobiles.

J : Filet temporel de mon invention, ils resteront piégés dans un verrou quantique, en attendant que quelqu’un les libère pour qu’ils soient jugés. Allez, qui a envie de se battre ! OH, LES LACHES REXULIENS, AU LIEU DE VOUS EN PRENDRE A DES CIVILS, VENEZ VOUS AFFRONTER AVEC QUELQU’UN QUI A DU RÉPONDANT, JE SUIS LA !

Un tir de sniper passa à travers elle, ce qui me fit constater qu’elle était bien dans une sorte de filtre à perception. Et un groupe de fantassins se précipitèrent vers elle, sans remarquer le piège temporel déposé à ses pieds, ils se trouvèrent également en stase avant d’avoir eu le temps de comprendre.
Je remarquai que Serenity et mon docteur avaient une discussion, et, je me dirigeai vers la silhouette, lorsque quelqu’un me barra la route, et s’adressa à moi, avec une voix aigüe que je n’avais pas oubliée.

T : Ah, lady Larn, si c’est bien votre nom, quel déplaisir de vous revoir.

R : Déplaisir partagé ! Rappelez vos troupes, si vous voulez vivre ! Je pourrais encore avoir pitié !

 

Je la regardai avec dureté, regard qu’elle me rendait. Mais il n’était pas question pour moi de céder. Puis, elle éclata de rire.

T : Chère lady Larn, croyez-vous vraiment faire le poids ? J’arrive à la tête d’une véritable armée, et vous, vous croyez quoi ? Que vous allez me faire peur, avec vos petits bras chétifs ?
Je m’avançai vers elle, lorsque deux membres de sa garde personnelle se dressèrent sur ma route. Je lançai une illusion autour de moi, et fit apparaitre une faille en face d’eux, d’où sortirent un bataillon de judoons qui se précipitèrent sur eux. Je leur fis ressentir la douleur de la charge, et l’illusion était tellement réaliste qu’ils en perdirent connaissance. Puis, les illusions firent le tour de Tilt, en prenant une posture menaçante. Et je m’avançai vers elle.

R : Vous avez eu tort de me sous-estimer, maintenant, allez-vous accepter de vous rendre, vous soumettre au jugement de ceux qui seront habilités à le faire, ou dois-je prendre des mesures ?

A ce moment-là, Tilt me sauta dessus et voulu me router de coups. Et, je décidai de la laisser faire. Au bout de deux coups, elle lâcha prise, et s’effondra, la main en sang.

R : J’ai bien vu que vous n’étiez pas une guerrière, je l’ai vu dans vos yeux, et, je me doutais que vous n’aviez jamais porté la main sur quelqu’un, alors, maintenant, vous savez ce que ça fait, que de porter un coup, de faire du mal à quelqu’un. Et, je vois sur votre visage que vous n’aimez pas cette sensation. Allez-vous m’écouter, maintenant, et quitter cette planète au plus vite, rentrer chez vous, et ne plus jamais ne manifester de velléités agressives ?

Je la regardai, toujours avec dureté, elle m’avait fait mal, en me frappant. Mais, je voyais l’état de sa main, et je pensai qu’elle avait compris. Quand on fait du mal à son prochain, c’est aussi à soi-même qu’on en fait.

Pendant ce temps, Jenny avait fini de nettoyer les environs, et avait réussi à vaincre toutes les troupes d’invasion dans le secteur, sans tuer personne. Puis, elle se dirigea vers une console de commande et commença à pianoter dessus, lorsqu’elle aperçut son père qui faisait face à Téllian. Elle se précipita vers lui.

J : PAPA, NON !

Et elle se planta entre les deux.

J : Si tu veux tuer quelqu’un, commence par moi, parce que je ne supporterai pas de te voir te détruire, de te voir devenir un être mû par la vengeance et la colère. Ne m’oblige pas à t’affronter. Je suis peut-être une gamine immature et idéaliste, mais je pense sincèrement que nous ne sommes ni des juges, ni des bourreaux ! Et trop de sang a déjà coulé. Et je ne veux pas que, pour tes prochaines incarnations, tu deviennes un visage anonyme, que de redevienne quelqu’un à qui on refuse le nom de docteur, et qu’on cache au fond de sa mémoire ! Je préfère disparaitre, maintenant, plutôt que d’assister à ça !

A ce moment-là, Téllian tenta de lui envoyer une boule de feu dans le dos, qu’elle attrapa, au prix d’une terrible brûlure.

J : Tu ne comprends pas, toi non plus, ça te sert à quoi ? As-tu pensé aux conséquences de tes actes de destructeur ? As-tu pensé à ton peuple, ta descendance, lorsque vous vous serez frottés à plus fort que vous, et que vous serez en fuite, dispersés dans l’univers ? As-tu pensé à ta descendance, le jour où on leur reprochera, où qu’ils aillent, les choix désastreux de leurs dirigeants ? Quand on leur balancera au visage les morts que TU as causés, mais quand on les tiendra EUX comme responsables ? Est-ce ça l’héritage que tu veux laisser ?

Elle s’avança vers lui, et le fixa dans les yeux, cherchant à lui faire comprendre.

J : Je suis issue d’un des peuples les plus destructeurs qu’il n’y ait jamais eu dans l’univers, tu m’as vue à l’œuvre, j’ai été génétiquement programmée pour être un soldat, une tueuse, et, tu sais quoi, j’envie des peuples comme les Zerkas, ces gens qui n’ont pas un héritage immonde à endurer, qui pourraient vivre dans la paix. Ce que tu vois comme une faiblesse, pour moi, c’est une force, une bénédiction ! J’ai voyagé depuis le début de ma vie, et j’ai essayé d’apprendre. Et même si j’ai peu d’expérience, j’ai appris des choses très importantes, c’est que la guerre n’est jamais la solution, que la violence appellera toujours la violence, qu’il y aura toujours plus fort que soi. Et quand on enlève une vie, on s’arrache à soi-même une partie de ce que l’on est. Alors, que comptes tu faire ?

La bataille était finie, nous avions su limiter la casse, et il était temps pour la proclamation de faire son travail. Je regardai Jenny qui se tenait au milieu de ces décombres, qui paraissait si forte, et pourtant, je voyais bien qu’au fond d’elle, elle regrettait tous ces morts, toutes ces personnes qui avaient été tuées.
Son bras, blessé, grièvement brûlé semblait inerte, mais ça semblait l’indifférer. Cette blessure guerirait, mais celles de son cœur, auraient plus de mal.

Les flammes de la bataille retombaient doucement, et le froid commença à nous frapper à nouveau de sa morsure. J’ouvris mon sac, et, dans un déluge de lumière argenté, le Tardis de mon père se matérialisa, sous sa forme de cabane qu’il avait lors de notre rencontre, et la porte s’ouvrit. J’invitai tout le monde à entrer.

R : Je vous présente Wolfy, il était le compagnon de voyage de mon père, avant que celui-ci ne devienne humain. Je pense que je vous dois la vérité, celle que j’ai apprise dans les profondeurs du Tardis. Mon père était un seigneur du temps, qui a été transformé en humain. Il se faisait appeler le paria, mais son vrai nom était Ymir, c’était le fils de dame Larn, et d’un véritable monstre. Je suis désolée, Sérénity, mais je dois t’avouer que je suis une descendante de celui qui t’a fait tant de mal.

Sérénity me regarda, un peu en colère.

S : Si je suis en colère après toi, ce n’est pas parce que tu es sa petite fille, ça, je l’avais compris depuis le début, mais si je suis en pétard, c’est parce que tu veux endosser ses fautes. Tu es Rose, celle qui m’a sorti de là-bas, au péril de sa vie, celle qui cherche toujours la bonne solution. Tu es le résultat de tes choix, de tes expériences, de ton éducation humaine, alors, ne t’avise pas de me demander pardon pour des crimes qui ne sont pas de ton fait ! Pour des actes que tu n’aurais jamais commis.

Pendant ce temps, Jenny faisait le tour de la cabine de pilotage, bien étonnée par les différences entre ce Tardis et celui de son père. Puis, elle se tourna vers moi.

J : Quand Sérénity m’en a parlé, j’ai été très surprise, sur le coup, mais, finalement, j’ai décidé d’une chose, c’était que je n’en ai rien à foutre de qui étaient tes ascendants, pour moi, tu es Rose, la princesse non guerrière, la femme la plus courageuse que je connaisse, une personne brillante que je suis fière d’avoir comme amie, et, un peu comme maman. Et comme l’a dit Sérénity, tes actes, ta vie, tes valeurs, c’est ça que tu es !

Je me sentis tellement rassurée de leur réaction, de leurs paroles. Et je leur souris. Puis, Sérénity pris la parole.

S : Je propose qu’on regarde ce que ce bébé a dans le ventre, je me souviens qu’Ymir en était très fier de son destrier, comme il disait. On ne va pas rester à moisir dans ce cimetière, il y a de quoi faire une déprime. Si on allait voir Mary ? Ca me fera plaisir de la voir un peu, et, le docteur saura où nous retrouver.

J’acquiesçai, puis dans un silence, et avec une douceur étonnante, Wolfy nous amena en un clin d’œil sur sa planète, après avoir envoyé un message à mon petit loup pour la prévenir. Je me demandai si celle-ci s’était disputée avec le docteur, quand il faisait sa mauvaise tête, elle aussi en prenait parfois pour son grade. Et pourtant, c’était elle l’être qui l’aimait le plus, avec moi.

Puis, la porte s’ouvrit, et Sérénity se précipita vers la porte de son amie, tandis que j’aidais Jenny à soigner son bras. Elle me regarda avec tristesse.

J : Je viens d’assister à un génocide, et je déteste ça. Ca me brûle au fond de moi, la disparition d’un peuple de la sorte.

J’étais dans la cabine de pilotage de Wolfy, et j’aidais Jenny à bander son bras meurtri.

R : Je ne comprends pas, tu pourrais utiliser de l’énergie régénératrice, ou me laisser te soigner avec mon pouvoir tardisien, pourquoi refuses tu d’utiliser ces opportunités, et que tu préfères souffrir ?

J : Cette douleur, j’en ai besoin, pour le moment, ça guérira, alors que les personnes qui sont mortes sur cette planète, elles, c’est irréversible. Au fond, je me dis que si je n’avais pas attendu papa, que j’avais réagi instantanément, j’aurais peut-être pu sauver au moins quelques vies.

R : Tu n’as pas de reproche à te faire, au contraire, tu as évité beaucoup de complications. Et peut-être même de voir deux peuples disparaitre. Le flux temporel s’achevait pour eux, c’est dur à admettre, et souvent, je n’y arrive pas, mais c’est ainsi, parfois, c’est écrit ainsi, et c’est irréversible. C’est ce que m’ont appris les Tardis.

J : J’ignore même si mon père me pardonnera un jour de l’avoir défié ainsi, mais, au moins, je suis en paix avec ma conscience, et j’ai fait ce que je pouvais.

Je ne savais que répondre, aussi, je continuai à bander sa blessure en silence.

R : Quand j’ai hérité de Wolfy, j’ai su qu’Ymir, en partant, lui avait dit qu’il espérait qu’il trouve, un jour, quelqu’un qui l’aime comme il l’a aimé, et qui prenne soin de lui. Et j’ai pensé à toi. Un Tardis est un être vivant, avec sa conscience et sa volonté, mais, si ça colle entre vous, et qu’il accepte de devenir ton ami, je m’étais dit que, le jour où tu voudrais voler de tes propres ailes, tu aurais ton propre Tardis. J’espère juste que ce moment sera le plus tard possible, et, je n’aurais pas voulu t’en parler tout de suite, de peur que tu ne croies que je te pousse dehors.

Elle me sauta au cou, et m’enlaça de son bras valide, puis nous sortîmes et traversâmes la rue en direction de chez Mary, qui nous attendait avec un thé, en plein papotage avec sa meilleure amie.

Je m’assis, mais nous n’eûmes pas le temps de discuter que le Tardis se posa dans la salle, expulsa Epsilon et repartit. Nous nous retrouvâmes figées, puis, après quelques longues secondes, Sérénity s’avança vers lui, et nous décidâmes de manière tacite de quitter la maison, Granma proposa à son arrière-arrière-petite-fille d’aller faire un tour en ville, le temps de faire plus ample connaissance, et je restai là, à discuter avec Mary, nous allâmes nous assoir sous la tonnelle, mais j'avais la tête à mon docteur, mon époux me manquait trop.

J’étais assise sous la tonnelle avec Mary, qui fulminait un peu de l’attitude de ses neveux. Je remarquai qu’elle n’avait pas avec elle son habituel parapluie, et qu’elle regardait régulièrement dans son sac, j’en déduisis qu’elle ne devait pas perdre une miette de ce qu’il se passait dans son domicile.
Je lui jetai un œil amusé, et elle comprit qu’elle était démasquée. Puis, elle me regarda avec plus de sérieux, elle m’avait percée à jour, elle aussi.

M : Tu sais, ma petite Rose, je connaissais très bien Ymir, et j’ai toujours été capable de reconnaitre ses illusions, et sa façon de faire, sans parler de son regard, j’avais compris depuis longtemps ce que je remarque dans ton trouble que tu as découvert. Et je suis heureuse de trouver en toi ce que j’aimais dans mon ami, ce qui le rendait unique, cette intelligente bienveillance. Chasse-moi vite ce trouble de ta petite tête, et continue de te voir comme l’humaine que tu as toujours été, c’est ta force. Ton éducation, ton vécu, et mon neveu, tout ça va faire de toi autre chose que les individus qui se sentent supérieurs, qui se croient des dieux, tels que trop de monde dans mon peuple l’est. Jenny et toi, vous êtes une vous-mêmes, autre chose que des seigneurs du temps, vous avez pris le meilleur des humains, et le peu de bien de chez nous. Et je t’admire sincèrement

Je me mis à rougir, je me sentais tellement rassurée, au fond de moi, si les personnes que cet être avaient fait le plus souffrir ne me reprochaient rien, c’était sans doute que je n’avais pas à me mettre martel en tête.

R : Merci, tante Mary, je suis très touchée.

Pendant ce temps, Mary avait sorti une lampe de son sac.

M : Je m’en servais à une période pour surveiller les enfants, c’est, en partie pour ça, que j’étais au courant de tout. Regarde l’abat-jour.

Le motif sur celui-ci s’animait, et ce qu’il se passait à l’intérieur de la maison se dessinait sur le canevas. Nous voyions Epsilon et Serenity se rapprocher, ainsi.

Décidément, la technologie des seigneurs du temps, c’était quelque chose, quand même.

Nous étions en train de regarder les images qui défilaient sur l’abat jour, et j’étais partagée, d’un côté, heureuse pour Sérénity, mais, de l’autre, je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’Epsilon ne méritait pas ce qu’il lui arrivait.

Mary semblait avoir compris mon trouble.

M : En effet, mon neveu s’est beaucoup fourvoyé, et il a accompli des choses inqualifiables. Mais le temps, l’univers, et toi, vous lui avez donné une dernière chance, celle de se racheter, de montrer qu’il vaut mieux que ça. Certes, il ne rattrapera pas les morts qu’il a causés, mais, au moins, il reste un espoir qu’il n’en cause pas d’autres, il reste une chance qu’il sauve des vies, désormais. Et, le jour du bilan, il aura eu l’opportunité d’équilibrer la balance. Et je ne pense pas que ça aurait été possible sans toi.

Elle prit une gorgée de thé, l’air pensif.

M : D’où qu’il soit, je pense que mon frère ne pourrait pas être plus fier de son fils, et de celle qu’il a choisi. Vous repoussez, chaque jour, les frontières de l’impossible, et j’en suis vraiment épatée. Je t’avais décidément mal jugée, Rose Tyler, de la Terre. Celle qui répare les torts de mon peuple. Ça fait combien de temps que tu existes ? Quelques décennies ? Et tu en as plus accompli durant ces quelques années, que moi en plusieurs millénaires.

Je ne savais pas que répondre, un peu surprise par ces compliments

R : Je n’ai fait que ce qui me semblait juste, pour me montrer digne du docteur.

A ce moment-là, Jenny et sa bisaïeule revinrent. Puis, grandma se tourna vers moi.

G : Jenny m’a raconté ce qu’il s’était passé, puis je t’emprunter ton vaisseau, j’ai pas mal d’expérience de soigneuse, et l’art des bonbons et potions, que j’ai mis des millénaires à mettre au point, avec l’aide des sœurs de Karn, et dont j’ai appris les bases à ma petite fille. J’aimerais aller voir si je peux donner une de mes friandises miracle à mon petit-fils pour l’aider. Ce serait fou qu’un jeunot sans expérience sache mettre au point un venin dont je ne sache venir à bout.

Je la regardai, et lui donnai la permission d’aller faire un tour avec Wolfy. Dans tous les cas, je savais que je pouvais faire confiance à mon docteur, Wolfy et à mon petit loup, elle traversa la rue, et se précipita dans le Tardis, et je décidai de l’accompagner, j’avais besoin de le voir.

Wolfy s’immobilisa dans une aire d’atterrissage de mon petit loup, j’étais toujours aussi étonnée par la stabilité et le silence de ses déplacements. Et la porte s’ouvrit. GrandMa sortit et se dirigea vers la cabine de pilotage. De mon côté, j’étais fort étonnée, le Tardis me paraissait fort silencieuse, et je ne ressentais pas la présence de mon docteur.
Je passai dans le couloir, et, j’entendis un bruit qui venait de la chambre de Jenny, j’y entrai, et remarquai que son communicateur était en marche.

« Jenn, c’est Zez, j’ai besoin de toi, grosse galère. Répond s’il te plait »

Je pris l’appareil, et informai la correspondante que Jenny n’était pas à proximité, et que je lui donnerai le communicateur au plus vite. Puis, je mis l’appareil dans mon sac, et je me dirigeai vers le poste de contrôle, où je trouvai Grandma en pleine action sur le terminal.

G : Alors, le poison me parait assez poussé, ce n’est pas le travail d’un amateur, mais je viens de donner à l’ordinateur le traitement nécessaire. Elle aurait trouvé, je lui ai juste fait gagner quelques jours. Mais elle ne sait pas où est encore passé mon arrière-petit-fils. Un vrai courant d’air, lui, comme l’était son père ! On ne le trouvera pas pour le moment, faisons lui confiance pour nous retrouver quand il ira mieux.

Elle reprit le trajet vers la piste d’atterrissage et entra dans Wolfy, je la suivis, après avoir dit au revoir à mon petit loup, et nous nous retrouvâmes à nouveau devant la maison de Mary, où Serenity, Epsilon, Mary et Jenny nous attendaient. Les choses avaient un peu évolué en notre absence, et Epsilon était en grande discussion avec sa tante.
Je tendis le communicateur à Jenny, qui le mis en route.

« Jenn, il faut que tu viennes me donner un coup de main, je suis coincée par des bestioles que je ne connais pas, c’est la grosse galère. »

Jenny me regarda, et nous nous comprîmes sans un mot, et nous précipitâmes vers Wolfy. Pendant ce temps, Mary et Sérénity étaient en train d’essayer de convaincre Epsilon d’expier ses fautes, et d’accepter le châtiment qu’il mériterait. L’idée de Mary serait de l’exiler quelques siècles dans son cadran de confession, ainsi, il paierait sa faute, mais pour Serenity, il serait rapidement de retour, ce qui lui éviterait la double peine. Je ne me mêlerais pas de cette affaire, c’était aux gallifreyiens de décider, c’étaient leurs lois, leurs valeurs qui devaient s’appliquer, je ne voulais pas faire d’ingérence, en appliquant les lois de mon peuple. Si je pouvais encore considérer l’humanité comme mon peuple.

Les portes de Wolfy se fermèrent, et Jenny me regarda.

J : Au moins, tu vas faire connaissance avec mon amie Zézanne, dont je t’ai parlé. Tu verras, elle est presque aussi chouette que toi. Mon petit Wolfy, tu veux bien nous emmener ? Quant à Epsilon, normal qu’il paye, mais l’exécuter ne ramènera pas les morts, il y a différence entre Justice, et Vengeance, c’est mon opinion. Après, j’ignore s’il acceptera un châtiment pour avoir agi comme il l’a fait, et si Sérénity arrivera à le canaliser, il a vécu si longtemps dans la violence, la mort et la vengeance.

R : Et tout ça, par la faute de Rassilon.

Elle me regarda et me fit un petit clin d’œil.

J : Tout ça par la faute d’un vieux fou, aigri et corrompu par le pouvoir. Un être qui a disparu, sans que personne n’aie plus à assumer le poids de ses fautes, et c’est mieux ainsi. Quelqu’un qui n’a rien à voir avec qui que ce soit que je connaisse, lui, n’aurait jamais été mon ami.

Puis les portes s’ouvrirent, et nous nous précipitâmes dehors, une jeune femme humanoïde nous regarda et sembla au top du bonheur de voir Jenny. Je déduisis que ça devait être la fameuse Zézanne